C’est marrant les gares

C’est marrant les gares

C’est marrant les gares

On attend le départ

On s’observe patiemment

Du coin de l’œil, les dents

Dans la salle d’attente

Ou dans le hall en pente

On rumine en dedans

Les mots qui point s’en vont

Rencontrer l’adversaire

Qui est notre partenaire

Dans  une attente musclée

Où les bouches restent fermées

C’est marrant les gares

On attend le départ

On s’observe patiemment

Du coin de l’œil, les dents.

J’y ai vu une nénette

Qui n’est point tristounette

Ses clignements de cils

Font frémir mon persil

Que j’apporte à maman

Dans l’pays berrichon

Mon père est chef de gare

Depuis minuit et quart

Que j’attends ce train

Scribouillant mes quatrains

Sur le dos de ma voisine

Qui a bien mauvaise mine

Elle n’veut pas m’parler

Peut-être qu’j’suis obsédé

Par le sourire en coin

Quelle offre tous les matins

Aux guichets PTT

Où elle est employée

A frapper les bulletins

Et les timbres orphelins

 C’est marrant les gares

On attend le départ

On s’observe patiemment

Du coin de l’œil, les dents

Dans la salle d’attente

Ou dans le hall en pente

On rumine en dedans

Les mots qui point s’en vont

Rencontrer l’adversaire

Qui est notre partenaire

Dans  une attente musclée

Où les bouches restent fermées

C’est marrant les gares

On attend le départ

On s’observe patiemment

Du coin de l’œil, les dents

février 1997

Jean-Luc Carrel

Une réflexion au sujet de « C’est marrant les gares »

  1. Il a presque vingt ans
    Et toutes ses dents
    Il m’accroche un sourir
    En dedans
    L’adversaire, la voisine
    Me fait signe
    Attenention départ
    Pour la vie voisine
    Ne pas être en retard
    La ville veut sa part
    Moi pas
    Demain
    Lointain matin
    Ou d’ici je ne serai plus
    Là-bas ? y serais-je ?
    Athènes le 4 avril 2016

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