La forêt

Au bout de mon nez, un arbre, des arbres, toute la forêt est là devant moi. Des écureuils se courent après pour s’amuser, des cerfs se demandent à quoi ils servent à part à se faire chasser, puis à finir en civet.

La mousse s’amuse à mousser et cela m’amuse.

Je grimpe au sommet d’un arbre, rien à l’horizon, sauf d’autres arbres. Je redescends de l’arbre et y croise un singe qui me fait une grimace.

Certains arbres sont malades et pleurent un peu. Je fais ce que je peux pour les réconforter. D’autres m’enlèvent une épine du pied.

Quelle paix! Des chouettes se préparent pour la nuit en se maquillant. Un hibou se fait une infusion de mélisse. Pas un bruit ou enfin peu de bruit, le bruit de la forêt.

Des sapins se balancent d’un pied sur l’autre; cela fait rire les oiseaux. Un pic-vert en perd son équilibre; heureusement il faisait du rappel.

Houx! Houx! Houx! Fait le hibou qui mangeait du gui. Un druide fait bouillir des plantes dans une grande marmite. Des champignons en ont l’eau à la bouche. Ils tirent leurs chapeaux.

Fées, gnomes, lutins ont préparés un bon souper végétarien pour la fin de l’été. Le garde-chasse est invité et les chasseurs interdits d’y participer. Même Merlin renaît pour l’occasion accompagné de Blanche-Neige et des Sept Nains.

Le Grand Méchant Loup sévit lui sur le net en tant que prédateur sexuel; il ne sera heureusement pas là. Les Trois Petits Cochons mettent la table, tout le monde a faim.

Bon appétit!

Jean-Luc Carrel, 20 août 2019

L’amour

Groupe d’écriture du Graap du 11 septembre 2018

Thèmes:

  • L’amour (à la télévision) ou l’amour
  • La vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie.
  • La recherche scientifique
  • Les racines

L’amour

Difficile parfois de voir autre chose que de l’amour à la télévision, quoiqu’on puisse y voir aussi du sport, des conflits armés, des reportages, etc. Mais l’amour est très présent aussi dans certains films et feuilletons. L’amour est également au centre de notre société de même que la haine. Qui ne rêve que de tendre vers l’amour? Même si ce n’est pas chose évidente tous les jours.

La faute originelle se balade comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et la religion chrétienne n’a de cesse de nous culpabiliser.

Mais vous, camarades d’un après-midi d’écriture ou de plus amples rencontres de ce style, je vous aime bien. Nous voguons un peu dans les mêmes eaux et nous nous comprenons. Vos langages tendent vers le haut autant que ce faire se peut.

D’abord, il faut s’aimer soi-même, mais pas trop; pour arriver à aimer les autres; et encore il y amour et amour. Ce mot entraîne notamment vers la dissertation et je l’aime simplement comme j’aime contempler un lever ou un coucher de soleil.

Il est certainement plus facile d’aimer ce mot que d’aimer vraiment. J’essaie cependant de me diriger le plus possible vers un sentiment aimant même si ce n’est pas facile; on a vite tendance parfois à critiquer autrui…

Bon! Je crois que je vais abandonner là ma plume, car le sujet est encore vaste et le temps me manque pour en faire le tour comme il m’en manquera aussi pour ce faire dans la vie.

Copyright Jean-Luc Carrel, septembre 2018

Le football

Groupe Ecriture Lausanne du 19 juin 2018

Thèmes :

  • Le vent (le ventilateur)
  • Le football (Le Mondial)
  • L’état de la nature (l’écologie)
  • L’impasse

Le football

Le footballeur professionnel est un peu tricheur; il est souvent très bien payé. La triche à ce degré dans le sport se trouve dans le football même si on la trouve de façon différente notamment dans le cyclisme et l’athlétisme sous la forme du dopage.

Le football c’est l’opium du peuple. N’avez-vous pas remarqué que les joueurs tombent parfois comme des mouches? À peine touchés par l’adversaire et d’autant plus facilement qu’ils approchent de la surface de réparation adverse.

Et à chaque remise en touche, chaque coup franc, ils essaient de grignoter quelques mètres de terrain. Pourtant, c’est le sport roi. Alors vivons-nous dans un monde, une société de tricheurs?

En partie oui, je crois, est ma réponse, mais il y a aussi pas mal de gens corrects et intègres.

Le rôle le plus ingrat, dans cette affaire, est celui de l’arbitre. C’est le seul qui n’est pas bien payé de même que ses assistants et les juges de  touches; et il peut aussi y risquer son intégrité physique.

Cependant, malgré ce que je viens de dire, il m’est très agréable de suivre un match de la présente Coupe du Monde 2018 sur un grand écran dans un Open Air, de même que dans un bistrot ou simplement à la maison.

En ce qui concerne le positif, on pourrait rajouter la diversité des accoutrements des supporters des différents pays affublés de multiples coloris, les cheveux et la peau du visage parfois teints; portant multiples chapeaux et autres déguisements.

Durant la Coupe du Monde, certaines femmes sont tranquilles, elles peuvent sortir entre copines; d’autres vont comme les hommes suivre les matches. Après ceux-ci, c’est souvent un concert de klaxons mémorable et il faut parfois attendre que le vacarme cesse ou bien se mettre des boules Quies dans les oreilles pour nous endormir au creux de ces bruits.

La Coupe du Monde avançant, on est quelques fois un peu lassé des matches et on finit parfois par ne même plus regarder la finale; mais néanmoins, une fois le tournoi terminé, le soufflé retombé, on se sent triste et vide, comme s’il nous manquait quelque chose.

Copyright Jean-Luc Carrel 2018

ABCD

A

 

Abbés, abécédaires

Abaissés les abysses

 

L’abat-jour abandonne

L’assourdissant aboiement

 

Aberrations abîmées

Par d’abjects objets abdominaux

 

L’abandon a mal à l’abdomen

 

L’abêtissement va bientôt aboutir

 

Pierre a embouti son automobile

 

L’abruti a buté sur ses adducteurs.

 

Abruptement abreuvée

L’abeille a bavé tout son miel

 

Accablements absurdes, s’abstenir

J’ai accouché d’un accoudoir

Qui ne fait qu’accroire

 

A des kilomètres de là

D’acariâtres acariens

Equarrissaient un académicien…

Tandis que folâtraient

Les abstentionnistes

 

Cependant, personne n’est à l’abri

D’un abreuvoir d’abréviation

 

L’absurde abrutissement

N’est pas dû qu’à des accès d’absinthe…

 

Que les abbés de l’absurde

Soient tout de même absous

 

Pendant ce temps-là

On put noter une accalmie

Les accapareurs étaient occupés ailleurs

 

B

 

Les babines bariolées

Un babouin apprenait

Bouche bée

Le b.a.-ba du babillage

 

Babette elle

Buvait du borax

 

 

C

 

Casparine coccoriquait un hoquet cocotésien

 

Le matin même

Elle était allée se confesser

Auprès du curé Cupident

 

Cerf voilà l’animal

De bois et de chaire.

 

 

D

 

Dix disciples déambulaient

Le dé circulaire du monastère violet

Dada, lui, dodu, dardait son dard dur

Ah la belle ordure !

 

Doryphore se dorait

Sur la dorure de ses paupières vermeille

 

 

E

 

Ecarlates

Les joues de Martine l’étaient

 

Elle avait écarté ses cuisses

Pour laisser la place au nouveau tunnel routier

Qui devait lui traverser le fessier

 

Pourvu qu’on vote pour la taxe poids lourds

Se dit-elle intérieurement

Cela réduira peut-être le trafic

 

 

F

 

Félix effilochait son chapelet

Félicie folâtrait sur la paille

Où l’avait jeté un huissier

 

G

 

Gogos :

On est tous les gogos de la gangrène de notre société

Gogos:

On est tous les gogos de notre gargarisme verbeux

 

Gugusse, fils de grec

Etait un gaga généreux

 

 

H

 

La hache de la consonne

S’abattit sur mon ami Hannibal

 

I

 

J

 

K

 

Kayak, courge et cognac

Kodak, purge et licenciements

 

L

 

L’hirondelle ne fait pas le printemps

Mais de la dentelle au miel d’antan

D’autant que le crochet était violent

Uppercut dans le cœur, dans les dents

 

 

M

 

Marins marinés

A l’eau minérale

Ils écumaient la morue

 

 

N

 

Neanderthal ou Simmenthal

Soit des fromages bien connus

 

 

O

 

 

P

 

 

Q

 

 

R

 

 

S

 

 

 

T

 

 

 

U

 

 

 

V

 

La varicelle s’attrape

Si on fait trop de vélocipède.

 

 

W

 

 

X

 

 

Y

 

Un yack dormait

Dans la yourte.

Yakari, lui, jouait

Avec sa petite sœur Yankee

 

 

Z

 

Zoé zigzaguait de Zanzibar à Gibraltar

En mangeant du zazi zaune

 

Zizi zézayait son sperme zèbre

 

Zebulon zigmatisait

Son zob zeurg

Tandis que Zériphale

Z’aimait le zizi de Zozo

Ce sacré zeset

 

Copyright Jean-Luc Carrel 2018

Ma fragilité

Je suis un colis fragile

A la poste, on m’estampille

Puis on me jette sur la pile

Et les postiers voraces

Jouent à pile ou face

 

Et me voilà sur le charriot

Juste devant moi un colis-vélo

Avec de forts côtés mégalos

Il tire sans cesse sur un mégot

On ne se voit plus à deux mètres

« Si je peux me permettre »

 

Dans ce flux incessant, j’étouffe

Et ce n’est pas de l’esbroufe

Ma destination me mène tout de même

Au 19, avenue du Maine

A côté de la Tour Montparnasse

Où mon ombre se prélasse

 

On m’attouche, je vais porter plainte

Mais je ne suis qu’un petit colis

Qu’on porte sur l’escalier en colimaçon

Que l’on traîne ensuite à l’hameçon

Pour me mettre en scène

Depuis les berges de la Seine

 

Heureusement, que je ne coule

Même si ma vie n’est pas si cool

J’ai un peu le blues, j’écoute de la soul

Le soir, parfois je me saoule avec du mauvais vin

 

Cependant, je recherche le divin

Et faute de mieux pour l’instant

J’ai trouvé un confortable divan.

 

C Copyright Jean-Luc Carrel, 28 mars 2017

La folie

J’ai eu un fou rire

Quand avons-nous fourragé mamie ?

Je marche derrière ma folie

Qui se retourne et me tire la langue

 

Je ne me souviens de rien

Que fais-je dans cet hôpital ?

Psy à ce que l’on m’en a dit

Paraît que je suis fou !

 

Mais, moi, je me trouve tout à fait normal

Peut-être même trop

Le médecin me regarde de travers

  • Vous me dit-il, vous avez un trouble sévère

 

Je vais me plaindre chez l’infirmière

Mais elle ne m’entend pas

Déjà elle a sorti sa seringue

Et aidée d’un collègue

Elle m’a piqué la fesse

 

Le plafond, je le vois danser

Ma tête est lourde comme une enclume

Que m’ont-ils injecté dans le corps ?

Je préfère ne pas savoir

 

Je ne suis pas fou que je hurle

Mais je suis enfermé

Personne ne vient

Cependant, je suis sûr qu’ils m’entendent

 

Je fais les cent pas

Je compte les moutons le soir avant de m’endormir

Je suis seul, privé de visite

Car je n’ai pas suivi les règles de l’hôpital

Pour finir, je vais vraiment devenir fou.

 

Copyright Jean-Luc Carrel –novembre 2016

 

La belle Thaïs

La belle Thaïs

Dans les mais

Chantait un doux refrain

Habillée de quelques grains

 

Un bel orage

Label Ouvrage

Ces paroles touchaient

Aux timbres de mes oreilles

 

Puis grandissait le band

Le joueur de kora en était le coeuriste

L’enfant prodige

Le bassiste était amoureux de la grosse caisse

 

Dehors l’averse battait son plein

Mais la salle était pleine de musique

Et la belle Thaïs

Séparait le grain de l’ivraie

 

Copyright Jean-Luc Carrel

Septembre 2016

 

Banana Papers

Banana Papers

Suivez la peau

Des fuites à Tananarive

La suite à suivre

La sandale du cacao

Le Tripod de Macao

L’ordure du Cap

Le Cap de Bonne Espérance

Donne un peu d’espoir

A tout un peuple

Attristé par son gouvernement

« Y’a plus de pilotes dans l’avion »

Banana Papers

Les fonds se perdent dans la mangrove

D’arbre en arbre

On peut imaginer les corps

D’un certain nombre de sociétés

Paravents et off-stores

 

Au loin, flottent des avocats

Le ventre à l’air, bedonnants

Tout rebondis de pots de vins

Et de fonds défiscalisés

Une sourde puanteur surplombe les flots

 

Banana Papers

Tout à coup

Tout le foin fait autour de cette affaire

Tombe comme un soufflé de pommes de terre

Au bas d’une piste de descente

On en parle plus dans les médias ou enfin presque

Comme si ces montages financiers

N’avaient pas existés

Et que l’on s’était mis

Simplement à rêver…

 

Copyright Jean-Luc Carrel Juin 2016

 

Livre de faces

Chant premier

 

J’ai posé mes fesses de bouc

Sur les pages de mon journal

Me suis fait ara qui rit

Sans attendre Charlie

 

D’ailleurs Charlot est mort

Paix à son âme

J’ai été voir le Musée qui lui est dédié à Corsier

Magnifique, et quelle  vue sur le lac et les Alpes

 

J’ai tout de même changé mes paramètres

Pour être honnête

Je ne fais plus partie de Aïe-Qaïda même si j’ai participé à l’Intrafada

Aussi de l’A (prononciation anglaise)I et de l’Union Européenne.

 

C’est clair, j’ai acheté un antivirus

Car j’ai peur des maladies honteuses ou pas

Je suis même un peu maniaque

Maniaco-dépressif… à ce qu’on m’a dit…

 

Toutes les semaines, je sauvegarde mon disque dur

Et mange un vieux steak mou,

Car je ne suis pas encore végète à rien, ni même végan

Mais il me manque un tout petit rien à faire

 

Je rêve à un grand tout

Chez les Toucouleurs ou ailleurs

Au  grand tout en trois dimensions

Au  beau sourire de Marion

Plutôt qu’à Un I Pod même pas intelligent

Que j’aurais payé avec ma carte de discrédit

 

Je suis Grand Luc

Une sorte de gourou de hasard ou poète de bazar

Fort en français, faible de café,  j’aime la petite Larousse

Qui n ‘est malheureusement plus à mes trousses

 

Je crois que je vais émigrer  au Canada comme mes ancêtres

Afin d’y concocter un sinistre trousseau pour me marier

Car la solitude me pèdze et je perds du poids,

Je commence d’ailleurs à me noyer dans mes pantalons et cela me tend

 

Ce qui m’énerve aussi c’est toute cette ébullition en France

Même si je comprends un peu les revendications de cette population

J’ai dû  me mettre au courant sur la loi El Connerie et sur l’article 49.3

Ce qui montre que ce gouvernement a bien la fièvre même

Si ce n’est que 37.2 le matin, elle monte à 49.3 le soir, presque une mort clinique en somme

 

Courageux ces français, ils passent déjà pour la majorité leur nuit debout

Etudiants, lycéens et ouvriers, au masculin et au féminin.

(Tiens ! Je ne vois pas de top mannequins, ni  de sinistres)

Ces manifestants  doivent par exemple faire l’amour debout sous les yeux des passants, des médias et des téléspectateurs

Par moins dix degrés Celsius alors que les politiciens eux sont bien au chaud

Attention aux rhumes et aux refroidissements !

 

Chant deuxième

 

Encore une valse chéri ? Avant que je parte m’occuper de mes fleurs en Hollande

Après j’ai un cancer en Hongrie, et je passe par la Pologne pour acheter de l’eau de vie

En espérant qu’il n’y ait pas trop de réfugiés aux frontières

Et que les douanes ne soient bouclées ;

Les pauvres chéris ils ne comprennent pas mes chansons ni en français, ni en anglais,

Et paraît que je n’ai pas/plus voix au chat poutre…

 

Peut-être, vous m‘aurez reconnue, mon nom  Carla Brunette

Et je suis engagée par une grande marque de cigarettes

Pour poser sur le papier glacier  d’un grand mensuel

( xxxendroit pour chanson inter active, « on dit que nos vies ne  valent pas grand-chose etc. »)

Et pour la Poste héritée

Ma sœur travaille dans le cinéma et gagne sûrement mieux sa vie que moi

Même si je ne gagne pas des clopinettes…

 

Copyrith  Jean-Luc Carrel  Mai 2016

 

 

Vague à lames

Que d'eau !

Vague à lames

J’ai le vague à l’âme
Et un couteau sous la gorge
Je n’ai pas payé mes impôts
Même plus assez d’argent pour boire un verre

La dèche en fait; la défaite intérieure
J’ai appelé hier matin le Sinistre de l’Intérieur
Il m’a fait une ministre mine de crayon
Il a sans doute besoin de vacances…

La peau lisse est dans tous ses états
Et le peuple est en mauvais état
L’état (encore lui) d’urgence a été reconduit
Et je vais rentrer à l’hôpital

Dehors hurlent les six reines
Les Femmen ont les saints nus pour la Pâques orthodoxe
Plus rien ne tourne rond
Même pas les finances ni les places de stationnements rectangulaires

Texte et photo Copyright Jean-Luc Carrel mai 2016