Je suis un colis fragile
A la poste, on m’estampille
Puis on me jette sur la pile
Et les postiers voraces
Jouent à pile ou face
Et me voilà sur le charriot
Juste devant moi un colis-vélo
Avec de forts côtés mégalos
Il tire sans cesse sur un mégot
On ne se voit plus à deux mètres
« Si je peux me permettre »
Dans ce flux incessant, j’étouffe
Et ce n’est pas de l’esbroufe
Ma destination me mène tout de même
Au 19, avenue du Maine
A côté de la Tour Montparnasse
Où mon ombre se prélasse
On m’attouche, je vais porter plainte
Mais je ne suis qu’un petit colis
Qu’on porte sur l’escalier en colimaçon
Que l’on traîne ensuite à l’hameçon
Pour me mettre en scène
Depuis les berges de la Seine
Heureusement, que je ne coule
Même si ma vie n’est pas si cool
J’ai un peu le blues, j’écoute de la soul
Le soir, parfois je me saoule avec du mauvais vin
Cependant, je recherche le divin
Et faute de mieux pour l’instant
J’ai trouvé un confortable divan.
C Copyright Jean-Luc Carrel, 28 mars 2017